La Transfiguration de notre Seigneur Jésus-Christ est l’une des cinq fêtes majeures de l’Église apostolique arménienne. C’est la commémoration de la révélation du Christ à ses disciples sur le mont Tabor, décrite dans les Évangiles synoptiques (Matthieu 17, 1-13 ; Marc 9, 2-12 ; Luc 9, 28-36). Durant l’été de la troisième année de sa mission, Jésus, accompagné de Pierre, Jacques et Jean, montait sur le mont Tabor, tandis que les autres disciples se reposaient au pied de la montagne. Au moment de la prière, les apôtres rassemblés autour de lui s’assoupirent bientôt. C’est alors que Jésus changea subitement d’apparence pour se révéler à ses disciples dans sa gloire divine. C’est pourquoi la fête reçut le nom de transfiguration, c’est-à-dire changement miraculeux dans l’apparence du Christ transfiguré.
Selon les Évangiles, au moment de la Transfiguration, Elie et Moïse apparurent auprès de Jésus et se mirent à lui parler des souffrances et du supplice qu’Il allait bientôt subir. Et lorsque les apôtres virent Elie et Moïse partir, ils eurent peur, car ayant entendu la conversation de Jésus avec les deux prophètes, ils pressentaient par conséquent les dangers et les tentations qui les attendaient. Pierre, ayant oublié sous le coup de l’inquiétude la bonne nouvelle de la Résurrection annoncée par les deux prophètes, s’exclama : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ; si Tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie ». Comme il parlait encore, voici qu’une nuée lumineuse les couvrit, et voici qu’une voix disait de la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection, écoutez-le »(Matthieu 17, 5-6). Quand les disciples entendirent cette voix divine, ils furent saisis d’une grande frayeur et tombèrent sur leur face, mais Jésus s’approchant, les toucha et les releva. Ils levèrent les yeux et ne virent personne que Jésus seul.
Pierre avait d’ores et déjà annoncé l’essence divine du Christ, affirmant qu’Il était le Fils de Dieu, et les disciples l’avaient cru. Quelques jours avant la Transfiguration, Jésus leur posa cette question : « Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l’Homme ? ». Ils répondirent : « Pour les uns, Jean Baptiste, pour d’autres, Elie, pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes ». « Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je ? ». Simon Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matthieu 16, 13-16). Aussi, Jésus fit-il en sorte qu’en conduisant les disciples Pierre, Jacques et Jean sur le mont Tabor, ils deviennent les témoins oculaires de sa gloire et de son essence divines, afin de dissiper leur crainte sur les dangers qui les attendaient à Jérusalem.
Si jusqu’alors les disciples reconnaissaient Jésus en tant que Fils de Dieu, lors de la Transfiguration leur conviction fut renforcée par ce qu’ils virent et par le haut témoignage du Père Céleste. Bien que la Transfiguration ait eu lieu avant la Crucifixion et la Résurrection, elle est pourtant célébrée dans le calendrier arménien après ces deux événements, car le Christ avait recommandé à ses disciples de ne dire à personne ce qu’ils avaient vu et entendu sur le mont Tabor jusqu’à sa Crucifixion et sa Résurrection.
A l’instar de la Pâques, la Transfiguration est considérée comme une fête mobile qui est célébrée dans un délai de trente-cinq jours, compris entre le 28 juin et le 1er août.
Dans le langage populaire, la Transfiguration porte également le nom de « Vardavar ». Cette appellation ainsi que certaines coutumes qui s’y rattachent datent de l’époque païenne, comme la tradition de se décorer de roses, de s’asperger d’eau et de lâcher des colombes, éléments spécifiques de la vieille mythologie arménienne, relevant du culte de la déesse Astrik.
Plus tard, une signification chrétienne fut conférée à ces coutumes ; ainsi, l’aspersion d’eau et le lâcher de colombes symbolisent le déluge, le salut de la famille de Noé et le retour de sa colombe. Le fait de s’orner de roses est l’expression de la grande joie suite à la révélation de la gloire divine du Fils de Dieu.
L’Église apostolique arménienne commémore la fête de la Transfiguration par trois journées festives. Le lundi succédant la Transfiguration, comme c’est le cas pour toutes les fêtes majeures, est une journée consacrée au souvenir des défunts.